La solitude : en temps normal, c’est un sujet qui affecte nos vies personnelles mais aussi de famille. Beaucoup d’adultes peuvent se sentir seuls face à leur vie familiale et n’éprouvent pas le besoin de se confier ce qui fait le cœur de leur vie : responsabilité, soucis, sens de la vie… Mère Teresa disait : « la plus grande des pauvretés, c’est de n’exister pour personne ».
Aujourd’hui, le confinement nous contraint soit à être soit seul, coupé des autres physiquement ; soit de vivre les uns avec les autres dans un espace plus ou moins réduit.
Cette situation nous oblige à appuyer sur le bouton pause, nous avons donc l’opportunité de pouvoir accéder à notre vie intérieure.
J’entends souvent des personnes dirent qu’ils ont peur de se retrouver seul dans un monde où d’habitude il n’y a pas une minute de silence. Par exemple, cette jeune femme qui approche la trentaine, qui a toujours vécu à 100 à l’heure. Elle est seule et se rend compte qu’elle n’a jamais pris le temps d’avoir des moments d’intériorité et de solitude. Elle a du mal à savoir qui elle est, ce qui a pour conséquence de la bloquer dans ses relations avec les autres. Elle s’est déconnectée de ses émotions.
Oui, il y a un enjeu à apprivoiser cette solitude, cette bonne solitude, celle qui me fait grandir, celle que nous traversons de toute façon à un moment ou à un autre. Elle permet de créer une vie intérieure : vie spirituelle. Ce temps de ressourcement qui me permet de faire de l’espace en moi pour accueillir du neuf, du nouveau, pour digérer les événements qui font nos vies, pour mieux me donner.
Les enfants sont très réceptifs et c’est bénéfique pour eux, ils ont besoin d’avoir des moments de solitudes pour souffler, se raconter des histoires ; on peut par exemple les initier à des moments de silence pendant la prière, leur demander d’avoir un moment de solitude dans la journée… cela leur permettra plus tard d’être SOI avec l’autre.
Alors comment peut-on donner le goût à nos enfants ? On peut tout d’abord se poser plusieurs questions : Comment sentons-nous face au silence, face à des plages de temps libre ? En temps normal, comment se vit le rythme familial ? Toujours des copains à la maison, des week-ends très occupés…
Il est essentiel que les parents renouent avec leur propre espace intérieur et soient attentifs à ce qui se passe au fond d’eux-mêmes. Ainsi, on peut renouer avec nos émotions ; c’est-à-dire d’être capable de formuler ce que je ressens : de la colère, de la peur, de la joie…En partageant son ressenti avec son enfant, il familiarise celui-ci avec les émotions. On peut ainsi les accompagner dans la construction de leur être intérieur, et leur permettre de mieux vivre avec les autres.
Se connaître, comprendre le fonctionnement de son corps, de ses émotions, de son esprit, comprendre les clés de la relation à l’autre et réfléchir aux enjeux du vivre-ensemble, développer un esprit critique, former son jugement… tels sont les axes de l’apprentissage d’un « savoir-être » qui passe nécessairement par l’éducation à l’intériorité.
« Les plus grandes aventures sont intérieures » disait Hergé.
Alors pour conclure, profitons de ce moment pour cultiver la solitude, pas celle qui isole, qui enferme, mais disons « oui » une solitude habitée qui fait de toute façon partie de notre vie à tous et qui, lorsqu’elle est apprivoisée, peut devenir une amie.
Claude Guary, conseillère conjugale et familiale du Cabinet Raphaël à Nancy