Aujourd’hui, peut-être plus qu’avant, chacun cherche sa place ou cherche comment habiter sa place ! Un terme aux contours plus ou moins larges, qui englobe, tout à la fois et en même temps, l’endroit, le métier, le statut affectif et relationnel, mais pas seulement !!
En fait, il s’agit moins d’un lieu à atteindre, d’une situation professionnelle à décrocher, d’un conjoint idéal à rencontrer… que d’un chemin, d’une construction intime. Celle qui mène chacun d’entre nous de la place qui nous a été donnée (par nos parents, nos amis, nos patrons) à la place qui nous revient légitimement, eu égard à nos valeurs, nos désirs.
Une place où il sera possible de s’accomplir, d’exprimer ses talents, d’être heureux… Jusqu’à devenir enfin « un morceau du monde ». Un beau projet, non ?
Mais quel est le chemin pour trouver une place dans le monde?
Celui sur lequel on va à la rencontre de notre unicité…
En quoi je suis unique ? Sans que les réponses à cette question soient des choses extraordinaires…j’aime la poterie, je n’ai que quelques amis, mais cela me va bien, je vais m’engager dans une association qui œuvre auprès de personnes handicapées….
Sa place, on la trouve d’abord en soi !
C’est le « chez soi », ce territoire où nous pouvons être le plus authentiquement nous-même. C’est le résultat d’un accord intérieur.
Quelle place j’accorde à mes besoins, mes désirs, mes peurs ? Répondre à cette question me met sur le chemin…
A quoi sait-on que l’on est à sa place dans sa vie ?
Je crois qu’on le sent plus qu’on ne le sait. Parfois, on sent simplement que l’on s’en rapproche. D’ailleurs, il y a plusieurs sortes de places : ça peut être des lieux où l’on se ressource (par leur beauté ou leur signification par rapport à notre histoire), des actes dans lesquels on se retrouve (aider, construire, soigner…), des liens par lesquels on s’épanouit (amour, amitié).
Accéder à ces dimensions facilite l’harmonie avec soi et avec ce qui nous entoure. Un sentiment d’évidence (« Je suis là où je dois être ») et de cohérence (« C’est là que je voulais être ») s’installe….
Quels freins peuvent exister pour trouver sa place?
L’insatisfaction chronique :
Celle qui naît de toujours vouloir la perfection ou la rapidité. Il est rare que tout nous soit « donné » d’emblée. Cela nous amène donc savoir accepter l’incomplétude : ce travail sur lequel on misait tant ne s’avère pas aussi épanouissant qu’on l’espérait, notre emploi du temps surchargé nous empêche de nous consacrer à telle ou telle activité pour l’instant…un chemin je vous disais….Peu à peu, par petites touches concrètes pour nous sentir mieux : prendre davantage d’initiatives, proposer à nos collaborateurs une redistribution des tâches, nous aurons alors « fait » notre place autant que nous l’aurons trouvée.
Croire qu’il n’y a qu’une seule place possible peut aussi être un frein…
L’essentiel, c’est d’avoir le sentiment de ne pas être figé, de nous adapter. Etre à sa place, en ce sens, c’est avoir le sentiment que chaque jour nous a appris et nous a nourris. C’est s’enrichir du temps passé. Croire que « notre place » est notre statut, la fonction sociale que l’on occupe. Etre seulement «mère de famille», ou « infirmière », ou «la bonne copine qui soutient les autres», se figer dans une seule facette de notre personnalité, peut se révéler source de mal-être. C’est comme vivre coincé sous une étiquette.
La peur, enfin peut être un frein :
Pour trouver ce qui est épanouissant pour soi, il faut le chercher, bouger… Et donc, parfois, devoir accepter de ne plus avoir de place du tout. Lorsque, par exemple, nous avons l’impression d’avoir fait le tour d’une relation, mais que nous manquons de temps ou d’énergie pour avancer vers autre chose… Il arrive aussi que nous nous sentions trop fragiles. Nous avons peur : d’agir, d’échouer, de souffrir…
D’où l’importance de l’estime de soi parce que ne pas s’estimer suffisamment, c’est se condamner à la résignation, à la soumission. Au lieu de chercher à se construire une place, on la rêve et on l’attend….et elle ne vient pas ! Et parce que l’estime de soi a à voir avec ma peur d’être jugé qui du coup, peut m’empêcher de prendre ma place dans un groupe…
Finalement,
Quelle place je me donne ? Quelle place je prends ? Quelle place je veux bien prendre ?
Où est mon chez moi ? Où est mon toit ? Ce sont de belles questions à méditer !
Emmanuelle Bosvet
Conseillère conjugale familiale à Lyon
Membre du Cabinet Raphaël